2 novembre 2021
Lors des élections du mois de juin dernier, deux membres du conseil municipal étaient candidats à un poste de conseiller régional : le maire Jean-Paul Duthion, sur la liste "Pour la Bourgogne et la Franche-Comté" (LR, UDI, DLF), menée par Gilles Platret, était opposé à son 3e adjoint Patrick Chatot, sur la liste "Notre région par coeur" (PS, PCF, PRG), menée par Marie-Guite Dufay. Chacun d'eux était en 7e place sur sa liste respective, position qui ne leur a pas permis d'accéder à un siège, au vu des résultats de ce scrutin qui se jouait à la proportionelle.
Ces élections régionales étaient couplées avec le renouvellement des sièges du Conseil Départemental pour lesquels, sur notre canton, le 1er adjoint Stéphane Pierrel était le suppléant de Georges Panisset, le mari de la 2e adjointe, qui se présentaient avec une étiquette "de gauche", et qui n'ont pas réussi à empêcher la députée Marie-Christine Dalloz et le président de la communauté de communes Philippe Prost de cumuler leurs lourdes responsabilités avec un poste de conseiller départemental.
Je ne reviendrai pas sur le taux catastrophique d'abstention (62% à Orgelet) de ces élections que j'ai analysé dans un précédent dossier ; je constate simplement que l'équipe dirigeante de la municipalité est d'une diversité politique paradoxale, surtout si on ajoute le fait que Nathalie Coron, 4e adjointe, est collaboratrice parlementaire de la députée LREM Danielle Brulebois. Quel patchwork !
J'entends déjà mes détracteurs répondre qu'à Orgelet « on ne fait pas de politique au conseil municipal », et qu'il est vrai que, depuis 20 ans, les listes qui se sont présentées successivement devant les Orgelétains étaient bigarrées.
Cependant, c'est la première fois qu'on voit un adjoint se présenter contre le maire à une élection régionale !
Par ailleurs, il ne faut pas croire qu'« on ne fait pas de politique » au sein du conseil municipal : depuis plusieurs semaines s'est ouverte la chasse aux parrainages pour l'élection présidentielle ; et devant la multiplication des déclarations de candidature à gauche comme à droite, et même à l'extrême-droite, chaque signature va compter.
Pour preuve, la présence dans notre département ces derniers jours de Xavier Bertrand ou de Nicolas Dupont-Aignan.
On peut ainsi se demander à qui Mr Duthion accordera son parrainage et s'il sollicitera pour cela l'avis de ses adjoints, voire du conseil municipal.
De plus, en septembre 2023 devraient se dérouler les prochaines élections sénatoriales qui renouvelleront les représentants du Jura à la chambre haute du Parlement. Cette élection se fait par département (la moitié des départements tous les 3 ans), au suffrage universel indirect par un collège de « grands électeurs » au sein duquel le conseil municipal d'Orgelet désignera 5 délégués.
Le bouleversement politique issu des résultats des élections municipales de 2020 dans le Jura, avec notamment la victoire de la gauche à Lons-le-Saunier, peut changer la donne pour ce prochain scrutin et rendre délicate une réélection des sénatrices jurassiennes de droite, avec le même suspense qu'on avait connu en 2011.
Quand on constate que depuis l'élection d'Emmanuel Macron et d'une Assemblée Nationale à la botte du Président de la République, le Sénat est la seule force capable de s'opposer à la dérive autoritaire du pouvoir dans notre pays, on comprend que la désignation des « grands électeurs » n'est pas anecdotique, et que, au sein de chaque conseil municipal, « on fait de la politique ».
François Bonneville